Nous avons pu boucler dans le délai imparti (23 décembre) nos observations concernant la quatrième modification de notre plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi). Après avoir articulé un certain nombre de remarques importantes sur les points 151 et 153 de la note de présentation (concernant respectivement un projet de ferme urbaine et un projet de cimetière métropolitain), nous avons déposé également des observations sur le point 138 concernant un projet d’extension d’entreprise qui, après une analyse approfondie, soulève différents problèmes épineux.

Vous trouverez ci-dessous le texte des observations que nous avons déposées à ce sujet.

REMARQUE: D’autres points plus spécifiques auraient mérité eux aussi des observations, mais le délai de 1 mois ne nous a pas permis d’intervenir sur tous les aspects. Cependant, l’un des membres de notre comité a déposé en son nom personnel (compte tenu du fait que nous n’avons pas eu matériellement le temps d’en discuter en comité) des observations concernant la modification de l’OAP relative à la rue de l’Industrie. Sa conclusions a été la suivante: « Le projet d’OAP est incomplet sur des points importants (zonage, implantation de l’îlot 2 au nord, transition avec le groupe de maisons en bordure Est de l’îlot 1). Il sous-estime largement les problèmes de stationnement et de circulation que la création des îlots provoquera ; la « requalification » du carrefour Sud, simplement évoquée sur le schéma n°3 peu lisible, n’est pas documentée. D’une manière générale, les schémas sont peu lisibles, le schéma n°1 ne l’étant pas du tout. En résumé, ce projet ne nous paraît pas abouti. »


Point 138 de la note de présentation : Commune d’Illkirch-Graffenstaden – Projet d’extension de la société OTE Ingénierie p. 143-145

Le projet soumis par la société  OTE Ingénierie, rue de la Lisière, porte sur une extension de 26 ares du terrain occupé par la société, avec une augmentation de la surface des bâtiments, passant de 2700 mètres carrés à plus de 3500 mètres carrés. Ceci afin d’accueillir 60 postes (donc salariés en principe) en plus des 150 existants.

1. Observations sur le projet d’extension

L’extension de 26 ares est présentée comme étant à réaliser dans un secteur à dominante habitat. Cette affirmation, qui s’appuie sur le texte de l’OAP initiale, est en opposition frontale avec le projet de réalisation d’une ferme urbaine décrit par ailleurs dans la même note de présentation au point 151. En effet, cette extension serait à prendre sur des terres agricoles qui devraient être consacrées à l’implantation de ladite ferme urbaine et non pas sur un secteur à dominante habitat.

L’extension de 26 ares étant en-dessous du seuil de 0,5 ha d’ouverture à l’urbanisation, le projet propose benoîtement de supprimer ce seuil. Outre que cette proposition est incohérente avec le point 151 qui rappelle, à propos du projet de ferme urbaine que « le règlement permet la réalisation de ce projet car il admet les constructions, les installations et les aménagements à condition d’être réalisés dans le cadre d’une opération d’aménagement d’ensemble et sous réserve de respecter les seuils d’ouvertures à l’urbanisation de ces zones » , on peut craindre que ce ne soit la porte ouverte au « mitage » progressif de la ZAC par de petits projets disparates d’urbanisation qui détruiraient progressivement la cohérence d’ensemble. L’Eurométropole, propriétaire des terrains, se veut la gardienne du temple, mais on peut aisément comprendre le scepticisme des citoyens échaudés par la politique de l’urbanisme de ces dernières années, alimenté par le fait qu’aucun effort n’a été fait pour actualiser l’OAP Baggersee, comme le soulignent les observations présentées par ailleurs par l’association Baggersee relativement aux points 151 et 163 de la note de présentation concernant la modification n° 4 du PLUi.

2. Stationnement

Le projet  indique que « les surfaces de stationnement ne devraient pas être augmentées et respecteront les normes du PLU en vigueur ». Le terrain de l’entreprise se trouvant, selon le règlement graphique, en zone UB3, et d’après le PDU en zone II, le règlement écrit stipule que la norme de la capacité de stationnement pour les immeubles de bureaux est de 0,5 place au minimum et de 2 places au maximum par tranche entamée de 100m(titre II, article 12, alinéa 1.4). Ce qui signifie, si nous interprétons correctement les textes, que l’hypothèse haute pour les places de stationnement est de (3600/100)x2=72 places de stationnement, et ce pour 210 personnes. Il est évident que c’est notoirement insuffisant, même dans cette hypothèse maximale, ce que les riverains constatent d’ailleurs depuis plusieurs mois. En effet, les rues avoisinantes, en particulier celles du lotissement de la Forêt, sont régulièrement envahies par les voitures des employés, qui ne trouvent pas de place dans l’enceinte de l’entreprise, ni même à proximité (rue de la Lisière et rue du Lac) elles-mêmes encombrées par les voitures des habitants des immeubles récemment construits dans le secteur. Le résultat que l’on peut attendre de l’offre malthusienne de stationnement dans l’enceinte de l’entreprise est que ce sont les rues avoisinantes qui serviront de parking.

3. Accès par la rue du Lac

Le projet indique que « l’accès au secteur de projet sera réalisé depuis la rue du Lac, tandis qu’un bouclage de voirie avec la rue de la Plage devrait être réalisé à terme ». Il faut signaler que, en raison de la construction d’immeubles imposants de part et d’autre de la rue du Lac, elle est de plus encombrée de voitures d’habitants de ces immeubles qui rendent difficiles le croisement de deux véhicules dans cette rue. Soulignons une fois de plus que cette situation est aussi la conséquence du règlement du PDU : dans cette zone II, la norme de l’exigibilité est de 0,5 place de stationnement par logement locatif financé avec un prêt aidé de l’état et de 1 place par logement d’une autre catégorie. Rappelons par exemple les statistiques établies par l’INSEE pour l’année 2016 et pour la commune d’Illkirch-Graffenstaden : L’utilisation de véhicules pour se rendre à son travail représentait 65,2 % des moyens de locomotion ;  82,1% des ménages possédaient au moins une voiture, en augmentation de 3,6 % par rapport à 2011. Il suffisait donc que 22 % de ces 82,1 % possèdent deux voitures pour que l’on arrive à une moyenne d’une voiture par ménage.

Quant à l’hypothétique « bouclage de voirie » avec la rue de la Plage, il demeure soumis à l’évolution du projet de ferme urbaine. En effet, dans l’état actuel de ce projet, la rue de la Plage passerait dans le secteur dévolu à la ferme et il paraît dès lors problématique d’en faire une voie de circulation classique. Remarquons également que quelle que soit l’évolution du projet de ferme, une partie de la circulation par la rue de la Plage aboutirait au carrefour du Baggersee, dont on sait qu’il représente un énorme point noir.

Il nous apparaît donc que ce projet doit être sérieusement retravaillé pour tenir compte du projet de ferme urbaine, pour écarter le risque d’émiettement des projets d’urbanisation, s’il en reste, et pour éviter qu’il ne constitue une nuisance pour les riverains, en termes de circulation et de stationnement.